Il y a mille et une façons de vivre un festival…
Chez les « Étonnants Randonneurs », on peut venir une heure pour découvrir un film, passer une journée entière à revoir des amis ou s’en faire de nouveaux, prolonger tard pour les spectacles nocturnes en musique, revenir le lendemain, ou rester 4 jours et partir après le dernier sandwich du lundi en début d’après midi.
Cette année, j’ai choisi le grand chelem pour comprendre le succès de ce rendez-vous annuel qui fêtait sa dixième édition. Il y a quelque chose de plus dans ce festival. Une complicité au sein de l’équipe organisatrice de l’association qui se ressent et permet de créer un lien invisible entre les bénévoles et les spectateurs, autour des valeurs du “pas de côté”.
La construction du centre de loisirs devant le cinéma Saint Michel d’Arudy a obligé le festival à choisir un nouveau lieu pour ses animations. La salle d’Espalungue et son pré ont offert un cadre et panorama 5 étoiles avec le Pic du Midi d’Ossau en toile de fond. Timide tout comme le soleil, le vendredi et le samedi, ils ont veillé avec panache sur le festival toute la journée du dimanche.
Si vous n’avez pas eu l’occasion de venir pour ce rendez-vous 2024, voici ce que vous avez raté :
Vendredi soir
- Apéro pour les bénévoles et les amis des Étonnants Randonneurs pour ouvrir les festivités suivi d’un concert inoubliable de Laurent Peuzé le punk à l’accordéon et à l’enthousiasme communicatif !
- Film émouvant « Lo que me contó abuelito » sur les « voyageurs » partis du Béarn (et du Pays Basque… et d’ailleurs aussi, mais le focus était local) vers l’Argentine au XIXe siècle travailler la terre, le bétail, créer des commerces et de nouvelles villes. Comme en Amérique du Nord, le massacre des indiens par les vagues successives de migrants à la recherche de nouvelles terres promises fait grincer les dents. Extrait sur Youtube
Samedi matin
- Spectacle « Gros Débit » par la compagnie Facile d’Excès sur la place du village, où les terrasses ont pu profiter de cette mise en bouche burlesque pour lancer le festival.
Samedi après-midi
- Film « Seul en Alaska » et intervention de l’aventurier Eliott Schonfeld, sur les traces de Dick Proenneke en Alaska. Salle (plus que) comble et réjouie par les échanges drôles, curieux puis plus profonds avec le réalisateur-marcheur. La destination Alaska a gagné en popularité, surtout auprès des amis des ours. Dédicaces des livres et des DVD de l’explorateur très sympathique à la sortie. Son site, si comme moi, vous n’avez pas eu le temps de lui parler avec regret : https://www.eliottschonfeld.com/
Deux films en montagne :
- Le premier, dessous, avec une expédition spéléo dans la grotte Devaux : « Gavarnie, un regard sur l’aventure » (à noter qu’après le film, l’association proposait de pénétrer dans la grotte, assis au chaud sur une chaise, grâce à des casques de réalité virtuelle Oculus et une application bluffante).
- Puis, « Tandem » : Beaucoup d’émotions dans la salle pour suivre les efforts de Morgan Périssé (guide) et David Labarre (mal-voyant) enchaînant les cols (col du Pourtalet, Aubisque, Gavarnie, col des Ares) en tandem puis les voies des trois sommets les plus emblématiques de la région, avec les figures du Pyrénéisme (Christian Ravier, Rémi Thivel et Fred Talieu). La définition exacte reste encore à débattre autour des prochaines raclettes, mais le défi réussi de David Labarre, et l’alchimie de ces hommes entre eux autour de l’effort et avec notre planète (et sa dimension montagne particulière) forcent le respect !
- La soirée s’est poursuivie avec le spectacle « La Tournée des Enfoireux » avec Denis Miramont, qui a fait chanter et jouer la salle.
- Pour finir en beauté, les « Green Duck », un concert de musique irlandaise festive, ont fait danser les festivaliers.
Dimanche matin
- De bon matin sans bicyclette, le soleil a réveillé les participants de la randonnée exploratrice de tous les sens autour d’Arudy. La performance sportive n’était pas vraiment au rendez-vous pour les randonneurs chevronnés, mais les neurones ont bien été mises à contribution par tous les intervenants (Parc National sur la faune locale, Marie Hélène Capdeville de l’Association Pyrène l’Ossaloise sur l’histoire de la Chapelle Saint Michel), un peu de saxo avec Jacky Isnard, un peu d’accordéon perché sur le rocher d’escalade… Pour rendre cette randonnée unique, les capsules théâtrales de la troupe BIT (Brigade d’Intervention Théâtrale de Pau) ont ponctué cette randonnée de tableaux hilarants (dont un vrai tableau qui mériterait à lui seul un musée !) avec tous les marcheurs rieurs et agrémenté le parcours de pensées très philosophiques. Ma préférée restera « La vitamine C mais elle ne dira rien » mais le choix était difficile tant le niveau littéraire était brillant ! Une vraie Zone À Délirer !
- Une fois n’est pas coutume, la randonnée a fini en apothéose avec « l’Ethno Machine » , de la compagnie Nomad Nomad, accompagnant en musique tribale les randonneurs de la place du village jusqu’à Espalungue.
- Mystère de la programmation ou talent des programmateurs, l’après-midi s’est poursuivi avec d’autres nomades, cette fois en Mauritanie. Le film « Orahala », présenté par le marcheur-réalisateur Valentin Bertrand, a fait grimper la température en marchant dans le désert. Les spectateurs ont pu échanger avec Valentin sur le sujet plus délicat des mariages arrangés et sur le rôle du théâtre itinérant d’Abdou Zarga pour faire passer des messages. La page Facebook pour suivre les aventures de Valentin.
- En parallèle, Emeline, à la tour de contrôle, proposait aux petits et grands enfants de battre le record du plus long vol en avion en papier. Compétition enjouée avec beaucoup de sérieux dans l’application (conception, design, décoration) et de rigolades dans la réalisation (crash, effet boomerang, mauvais aéroport de destination…).
- À 16h15, coup de barre… j’ai déclaré forfait pour la performance « Paradoxe du marbre ». Désolé !
- À 17h, la troupe Nomad Nomad revenait pour terminer le festival en beauté avec une nouvelle performance perchée sur leur drôle de machine. Le concepteur de l’engin au vocal et à la batterie, la joueuse de saxo, et le didgeridoo en renfort, ont dressé les poils des spectateurs. Une danseuse animale redonnait de l’humanité à cette « Ethno Machine » en jouant avec les enfants (du plus petit au plus âgé aux cheveux blancs). 12 spectateurs (6 à chaque intervention) ont eu la chance de prendre part à la magie métallique, grimés d’un masque et d’une tenue sombre, participant à la motricité de l’engin. Leur site : https://www.nomadnomad.fr/ethno-machine
Lundi matin
Alors que les festivaliers reprenaient leurs vies quotidiennes, organisateurs, bénévoles d’ici et d’ailleurs, partenaires et services techniques des différents organismes, opéraient comme une ruche bien rodée pour tout ranger jusqu’à l’année prochaine ! La bonne humeur, les sourires, les nouvelles rencontres et discussions autour du voyage… qui ont accompagné chaque moment de ce festival étaient encore présents malgré la fatigue sous le noyer, avec toujours l’Ossau en toile de fond.
Au final, ce festival « Étonnants randonneurs » est un diamant brut qui étincelle par son côté amateur bon enfant et éblouit par la qualité de son contenu et par les envies qu’il provoque de continuer à faire un pas de côté ! Merci à chacun·e d’entre vous, c’était un bonheur d’être parmi vous de vendredi à lundi ! Je serai là l’année prochaine… sauf si je suis en Alaska, en Mauritanie, à Rennes ou ailleurs sur la planète… ça serait un peu grâce à vous !
Quels critères permettent de juger qu’un festival culturel est exceptionnel et unique ?
Je me suis interrogé sur comment juger de façon tout à fait impartiale le Festival Etonnants Randonneurs, sans penser aux amis qui en font partie ! Quels élements prendre en compte ?
Un festival culturel peut être jugé exceptionnel et unique en fonction de plusieurs critères, dont certains sont plus subjectifs tandis que d’autres sont plus mesurables. Voici quelques points clés à considérer :
1. La qualité artistique
* Programmation : La diversité, la renommée et la qualité des artistes, troupes ou créateurs invités peuvent grandement influencer le caractère exceptionnel d’un festival.
* Originalité : La présence d’œuvres ou de performances inédites, de créations originales, ou de collaborations uniques.
* Multidisciplinarité : Un festival qui combine plusieurs formes d’art (musique, danse, théâtre, cinéma, arts visuels) peut se démarquer par sa richesse culturelle.
Etonnants Randonneurs : 5/5 : de l’avion en papier à l’Ethno Machine, des expos de voyages en vélo aux films de survie dans les rapides de l’Alaska en canoé….
2. L’expérience des participants
* Immersion culturelle : Un festival qui permet aux participants d’interagir avec les artistes ou de plonger dans la culture présentée peut marquer les esprits.
* Atmosphère et ambiance : Un cadre exceptionnel, que ce soit en pleine nature ou dans un lieu historique, ainsi qu’une ambiance unique, peuvent contribuer à faire du festival une expérience mémorable.
* Activités complémentaires : Les ateliers, conférences, masterclasses ou activités participatives qui viennent enrichir l’expérience.
Etonnants Randonneurs : 5/5 : Ethno Machine, Tournées des Enfoireux, expos, films, cadre champêtre et chapiteau de cirque, buvette avec guirlandes et chaude ambiance !
3. Ancrage local et authenticité
* Valorisation de la culture locale : Un festival qui reflète, promeut ou redécouvre les traditions locales, l’artisanat, la gastronomie ou les particularités culturelles de la région peut se démarquer par son authenticité.
* Implication de la communauté : Un festival qui fait participer activement la population locale et où la communauté joue un rôle central, que ce soit dans l’organisation, les prestations ou l’accueil des visiteurs.
Etonnants Randonneurs : 5/5 : gateau basque (!), fromage de brebis, et plus sérieusement, pyrénéisme, participation des plus grands aux plus petits ou l’inverse, spect-acteurs voyageurs questionneurs…
4. Impact et rayonnement
* Visibilité internationale : Un festival qui attire un public international ou bénéficie d’une couverture médiatique internationale peut acquérir un statut unique et prestigieux.
* Retombées économiques et culturelles : L’impact du festival sur la région, notamment en termes de fréquentation touristique, de soutien aux artistes locaux et de dynamisme culturel, peut être un indicateur de son importance et de sa singularité.
Etonnants Randonneurs : 3/5 : honnêtement, les voyages les plus longs étaient réalisés par les intervenants venus des quatre coins de l’hexagone (pourquoi on dit pas 6 coins d’ailleurs ?). La onzième édition vous attend encore plus nombreux et de partout ! La Vallée d’Ossau peut loger en septembre !
5. Innovation et prise de risque
* Innovations technologiques ou artistiques : Un festival qui utilise des technologies nouvelles ou propose des formats inédits (performances interactives, réalité augmentée, etc.) peut être perçu comme avant-gardiste.
* Thématiques audacieuses : L’originalité des thèmes explorés, notamment si le festival aborde des questions contemporaines ou sensibles avec une approche unique.
Etonnants Randonneurs : 5/5 : du papier à la réalité virtuelle en spéléo avec expert dans des grottes inaccessibles aux communs des mortels, marriages arrangés, migration au XIXe siècle,…
6. Durabilité et responsabilité
* Engagement écologique : Les festivals qui adoptent des pratiques écoresponsables, comme la gestion des déchets, l’utilisation de matériaux recyclés ou la promotion des transports doux, peuvent se distinguer par leur conscience environnementale.
* Inclusion et accessibilité : Un festival exceptionnel est souvent un lieu inclusif qui pense à rendre ses événements accessibles à tous, que ce soit en termes de prix, d’infrastructure pour les personnes handicapées ou de diversité culturelle.
Etonnants Randonneurs : 3/5 : Tarifs accessibles, réduction des déchets, buvette sans alcool et un peu plus pour les plus grands. La gestion des déchets mériterait un petit effort supplémentaire surtout que les participants sont pour la grande majorité engagés.
7. Renommée et héritage
* Longévité et histoire : Les festivals ayant une longue tradition ou une histoire marquante peuvent être considérés comme uniques. De plus, leur capacité à évoluer tout en préservant leur essence contribue à leur exceptionnalité.
* Prix ou reconnaissances : Les distinctions obtenues par le festival (par des organismes artistiques, des prix internationaux, etc.) renforcent son prestige.
Etonnants Randonneurs : 5/5 : Naissance, croissance, changement d’une partie de l’équipe, covid, rien n’y a fait ! Le festival est là et bien là pour longtemps !
Voilà, si on fait un rapide calcul, on tombe sur : 31/35 soit rapporté sur 20, hum… j’explique la règle de trois pour les plus jeunes : 31*20/35 =
17,714 sur 20 !
Bravo, vous venez d’être officiellement déclaré par L’Être d’Aussau après cette étude approfondie : expérience poétique et culturelle inoubliable !
A l’année prochaine, pour grignoter quelques décimales supplémentaires !
Vous en voulez encore ?
Épilogue géodésique
L’expression “les quatre coins de l’hexagone”, quand on parle de la France, est une figure de style, plus précisément une métonymie. Elle fait référence aux quatre points cardinaux (nord, sud, est, ouest), bien que la France soit souvent représentée comme un hexagone, qui a six côtés et non quatre coins. Le terme “les quatre coins” est donc une expression imagée pour évoquer les différentes parties du pays, en englobant l’ensemble du territoire, même si géométriquement cela ne correspond pas à un hexagone. C’est une façon de parler qui reste courante, même si elle n’est pas techniquement exacte, et qui joue sur l’idée de diviser un espace en quatre directions principales.
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